29 septembre 2009

La culotte des garçons



▲à g. : Une partie de la bande du Petit Nicolas
film de Laurent Tirard, sortie le 30 septembre 2009
à dr. : Le Petit Parisien, par Willy Ronis, 1952

Après vous avoir raconté l'histoire de la robe à smocks des filles, puis de la layette bleue et rose des bébés, il aurait été désobligeant de ma part de ne pas évoquer les garçons de la même époque. Cela me donne le prétexte de vous montrer cette merveilleuse photo de Petit Parisien en hommage à Willy Ronis qui vient de nous quitter, et d'évoquer la sortie du film Le Petit Nicolas, qui nous renvoie à ces images de garçonnets des années 1950. Si cela pouvait relancer la mode des carreaux, des jacquards, des bretelles ! – et surtout des culottes courtes sur des cuisses potelées et des genoux qui se disent bonjour, personnellement je trouve cela trop chou.

▲ Ce doit être aussi l'avis de Marie, journaliste, vu son article
dans le dernier numéro de Milk Magazine n° 25 (p.52).

Cependant, je voudrais essayer de replacer cette culotte courte dans l'histoire de la mode et du costume des garçonnets, particulièrement complexe.

La robe des petits garçons

Du XVIIe siècle à la Première Guerre mondiale, on peut affirmer que tous les petits garçons passent par l'intermédiaire de la robe. Le style de cette robe évolue bien sûr au fil des siècles. Grosso modo jusqu'en 1830 c'est une sorte de robe chemise - on dit que les garçons sont à la bavette ; puis une robe à plis plus ou moins longue dure une cinquantaine d'années ; enfin apparaît la robe baby évasée de 1880. Il serait évidemment intéressant d'approfondir ce sujet, et d'étudier les différences entre la robe des garçons et celle des filles, mais ce n'est pas notre propos d'aujourd'hui. Les garçonnets cessent de porter la robe entre trois et six ans.

▲Portrait du duc de Berry, futur Louis XVI (à droite) et du comte de Provence, futur Louis XVIII,
par François Hubert Drouais, 1756, Musée d'Art, Sao Paulo
L'aîné a deux ans, le cadet un an, tous deux portent la robe.

La durée de l'enfance

Entre le XVIe et le XVIIIe siècles, on a coutume de diviser la vie humaine en cinq classes d'âge, dont deux pour l'enfance : le temps du jeu et celui de l'école. Cela ne facilite pas la tâche de l'historien du costume, qui pendant le même temps doit étudier les articulations entre trois costumes du garçonnet : le maillot, la robe, la soutane qu'on nomme jaquette au XVIIe. Pour l'historien du costume, la coupure la plus significative est celle où le garçon abandonne la robe pour revêtir l'habit masculin - parfois avec quelques variantes ou aménagements - généralement vers l'âge de cinq-six ans.

▲Les enfants Habert de Montmor, par Philippe de Champaigne, 1649,
Musée des Beaux-Arts de Reims sur Agence photo de la Réunion des musées nationaux RMN
A gauche, l'aîné Henri-Louis, dix ans, est vêtu comme un adulte,
son frère Jean-Balthazar, sept ans et six mois porte le même vêtement ;
à droite, les jumeaux Louis et Jean-Paul, quatre ans et neuf mois, portent la jaquette ;
les deux autres garçons, François, vingt-trois mois, à gauche et Jean-Louis, huit mois à droite,
portent la robe et le tablier, comme leur soeur Anne-Louise, trois ans six mois, au centre.

Mais ce moment charnière, où le garçon revêt l'habit d'homme, se brouille au fur et à mesure que la société modifie sa perception et sa notion de l'enfance, ce qui entraîne une série de transformations fondamentales du costume enfantin. Il est d'ailleurs significatif de noter que cela concerne en priorité le vestiaire du garçon.

La première de ces transformations est le remplacement de la jaquette par le costume à la matelot qui fait des garçonnets les premiers "sans-culottes". Cette mode du pantalon pour les garçonnets représente la solution intermédiaire idéale entre la robe du bébé et l'habit masculin [la culotte et des bas]. Le costume à la matelot apparaît vers 1780, il devient la tenue classique d'une enfance aristocrate entre 1790 et 1830.

▲à g. : Costume à la matelot, vers 1770, Tidens Toj, Nationalmuseet, Copenhague
à dr. : Les enfants Cavendish, par Sir Thomas Lawrence, 1790,
Städel Museum, Frankfurter-am-Main.
L'aîné, William a sept-huit ans, il porte l'habit dégagé avec la culotte, très proche de celui des hommes ;
le benjamin, George, a cinq-six ans, il porte le costume à la matelot avec pantalon ;
le bébé, Anne, est une fille, elle a trois ans et porte la robe blanche,
qui habille aussi les petits garçons de son âge.

▲à g. : Portrait de famille (détail), par Joseph-Marcellin Combette, 1801,
Musée des Beaux-Arts, Tours sur Agence photo de la Réunion des musées nationaux RMN
à dr. : Costume à la matelot en nankin (toile de coton), début XIXe,
Angleterre, Victoria & Albert Museum, Londres

Plus avant dans le siècle, vers 1860, l'invention, selon le terme de l'historien Jean-Luc Noël, de la "seconde enfance" entre la période de sevrage et l'âge de raison, va contribuer à la diversification du vestiaire. Le costume marin a la même fonction d'entre-deux que son ancêtre le costume à la matelot ; il permet au garçonnet de porter la culotte courte, et même en grandissant la culotte longue qu'on se garde bien de nommer pantalon. Je ne m'étends pas plus sur ces thèmes que j'ai déjà longuement traités ; je vous invite à piocher dans le nuage de liens ci-contre pour lire ou relire ces sujets.

▲à g. : Garçons en costume marin, vers 1875, Pool Vintage Kids sur Flickr
à dr. : Groupe d'enfants, vers 1890 : l'aîné porte le complet veston, le plus jeune le costume marin.
(Remarquer la robe à smocks de style Réforme de l'aînée)
Pool Vintage Kids sur Flickr

La diversification des catégories d'âge bénéficie aussi au vestiaire du grand garçon : entre 1820 et 1845, il porte le spencer plutôt que l'habit ou la redingote, qui est une sorte de redingote dont on ne garde que la partie supérieure. De 1866 à 1868, la culotte bouffante serrée à mi-mollet - qu'on appelle knickerbocker - connaît un grand succès. Les plus grands, à partir d'au moins dix ans, suivent la mode des adultes, généralement le complet trois pièces. Dans les grands magasins du XIXe siècle, on établit la taille maximum pour les garçons à dix-huit ans. Cette habitude commerciale dure jusqu'en 1950. Aujourd'hui les modèles enfants vont en général jusqu'à la taille seize ans.

▲à g. : Lord Randolph Henry Spencer Churchill, photographie A. Ken, 1862,
National Portrait Gallery, Londres
à dr. : Knickerbockers en velours, Davis & Goddman, Angleterre,
vers 1865, Victoria & Albert Museum, Londres

▲à g. : Portrait de Sir Arthur Strachey enfant, photographie Surrey Photo, 1866
National Portrait Gallery, Londres
à dr. : Pantalon de laine, Angleterre, 1856,
Victoria & Albert Museum, Londres

▲à g. : Trevor, Richard et John Grant, et Andrew John Wedderburn Colvile,
photographie James Ross, vers 1867, National Portrait Gallery, Londres.
Andrew, né en 1859, à droite, a huit ans, c'est aussi à peu près l'âge des autres garçonnets,
ils portent la culotte courte ou le knickerbocker
à dr. : Les enfants de la famille Strachey : Arthur, Dolly, Elinor, Kitty, Charlie, Dick,
photographe inconnu, septembre 1870, National Portrait Gallery, Londres.
A gauche, Arthur, né en 1858, douze ans, porte le pantalon long ;
à droite Charles (Charlie) et Richard (Dick), cousins nés tous les deux en 1862, huit ans,
portent l'un le knickerbocker, l'autre la culotte courte ;
les trois portent la veste dite à la zouave [zouave jacket]
réputée facile à assortir à toutes les tenues en raison de sa simplicité.

Du costume enfant au costume adulte, un rite de passage

Quelle que soit l'époque, depuis la fin du XVIe siècle, le moment où le petit garçon quitte la robe ou la culotte courte pour l'habit masculin, culotte ou pantalon, est vécu comme un rite de passage, dont l'enfant est le plus souvent très fier. Sous l'Ancien régime, cela se passe généralement vers cinq-six ans. On note que, dans les sociétés musulmanes, c'est aussi le moment où le garçonnet quitte le harem.

Dans le journal de l’enfance de Louis XIII que son médecin Jean Heroard tient au jour le jour, on sent bien la portée symbolique et affective de ce rituel, dont les étapes ne se franchissent d'ailleurs pas en un jour : à quatre ans, on lui met des chausses sous sa robe, à cinq on remplace son bonnet d'enfant par un chapeau d'homme, mais quelques jours plus tard, la Reine lui fait remettre le bonnet. A six ans, il exprime sa hâte à porter des chausses. Le 6 juin 1608, Louis a sept ans huit mois, Jean Heroard écrit non sans solennité, et on le devine, une certaine émotion : "Il est vêtu d’un pourpoint et de chausses, quitte l’habillement d’enfance, prend le manteau et l’épée". Mais il arrive qu'on lui remette la robe, comme on lui a remis le bonnet, ce qu'il n'apprécie guère. Quand il a des chausses et un pourpoint, "il est extrêmement content et joyeux, ne veut point mettre sa robe".

▲à g. : Portrait de Marie de Médicis avec son fils Louis (détail), par Charles Martin, 1603,
Musée des Beaux-Arts, Blois (Louis, né en septembre 1601, a deux ans).
à dr. : Louis XIII jeune roi (il a dix ans), par Frans Pourbus le Jeune, 1611
Palais Pitti, Florence sur Wikimedia Commons

Au XIXe siècle, dès le premier Empire, le passage du garçon au monde masculin se fait le plus souvent par le biais du port de l'uniforme, habit coupé par le tailleur, dès que le garçonnet entre à l'école. Entre 1900 et 1920 on prolonge très tard chez le jeune adolescent les particularités du costume des enfants. Philippe Ariès (1914-1984), qui fut le premier historien français à s'intéresser à l'enfance, se rappelle non sans humour qu'il a porté lui aussi les culottes courtes, "insigne bientôt honteux d’une enfance retardée. Dans ma génération, on quittait les culottes courtes à la fin de la seconde, à la suite d’ailleurs d’une pression sur des parents récalcitrants : on me prêchait la patience en citant le cas d’un oncle général qui s’était présenté à Polytechnique en culotte courte !"

▲Portrait des enfants de l'architecte Pontremoli avec leur mère,
photographie François Antoine Vizzavona, début XXe,
fonds Druet-Vizzavona, Paris sur Agence photo de la Réunion des musées nationaux RMN

La longueur de la culotte anglaise, le plus souvent au genou, se pose comme un repère de l'enfance des garçons, on comprend que les aînés soient pressés de la quitter. L'adulte est le modèle à suivre. Porter un pantalon pour la première fois est un rite qui se perpétue jusque dans les années 1960. La culotte courte est si ancrée à l'image de l'enfance, qu'en 1969, un film publicitaire pour la marque de fromage Kiri évoque les "gastronomes en culottes courtes", le slogan n'est abandonné qu'à l'orée des années 1990.

La culotte des garçons au XXe siècle, entre mode et tradition

Suivre l'évolution de la culotte des garçons aux XIXe et XXe siècles équivaut à suivre l'évolution de l'organisation de la production de l'habillement. Réalisée d'abord par les tailleurs, on l'achète ensuite en confection dans les grands magasins, puis dans les maisons spécialisées. C'est aussi l'un des articles que les femmes abandonnent vite en production domestique, sans doute en raison de sa réalisation très technique, et du résultat somme toute peu gratifiant du point de vue stylistique.

▲à g. : Costume pour la classe, La Mode illustrée, mars 1914,
boutique Au Fil du temps sur e-bay
à dr. : Culotte de garçon en tweed de laine, vers 1915, Wisconsin Historical Society, Madison

Au début du XXe siècle, les garçons doivent attendre l'âge de quinze ans environ pour prétendre porter le pantalon des hommes. Ils sont vêtus du knickerbocker ou knicker court déjà porté depuis la moitié du XIXe, qui s'allonge progressivement pour atteindre la cheville en 1939, copiant le pantalon de golf des hommes. Ils portent aussi le complet veston-culotte anglaise - qu'on nomme bermuda à partir de 1962.

▲à g. : Aldous Huxley et son fils Matthew, photographie Dorothy Wilding, 1932,
National Portrait Gallery, Londres
à dr. : Knickerbocker en laine, vers 1920, The Metropolitan Museum of Art, New York

▲à g. : Portrait du jeune peintre Marcel Lavallard (né 1896),
photographie François Antoine Vizzavona, vers 1910 sur Agence photo de la Réunion des musées nationaux RMN
à dr. : Enfants regardant une vitrine de libraire,
photographie Roger Viollet, Paris, 1943, Paris en images

▲à g. : Costume pour garçon à culotte courte, Harrods, 1930-1939, Victoria & Albert Museum, Londres
à dr. : Lady Sybil Laurence et ses fils, photographie Bassano, 1929, National Portrait Gallery, Londres

Dans les années 1920, même la culotte des garçons suit la libéralisation ambiante de la mode. Pour la première fois, les enfants, garçons et filles, montrent leurs cuisses ; quand il fait trop froid ils portent des guêtres moulantes. Pour mieux s'adapter à leurs mouvements, les chemises se boutonnent souvent aux culottes.

▲à g. : Culotte courte à bretelles, La Mode illustrée, mars 1922, boutique Au Fil du temps sur e-bay
au centre : Culotte boutonnée en piqué de coton blanc, vers 1920, Wisconsin Historical Society, Madison
à dr. : Portrait de Rauf Mansel (détail), photographie Bassano & Vandyk Studios, 1921
National Portrait Gallery, Londres

▲à g. : Guêtres en coton, intérieur molletonné, vers 1925 Victoria & Albert Museum, Londres
à dr. : Enfant portant une culotte courte et des guêtres, La Mode illustrée, février 1920,
boutique Au Fil du temps sur e-bay

La culotte courte des années 1930 s'accompagne d'un pull-over sur chemise ouverte, qu'on porte de manière plus décontractée que la veste.

▲à g. : Culotte en velours côtelé et chemise rayée en coton, vers 1930-1939, Wisconsin Historical Society, Madison
à dr. : Enfants devant le bassin du jardin du Luxembourg à Paris,
photographie Brassaï, 1930, collection particulière sur Agence photo de la Réunion des musées nationaux RMN

Après la Seconde Guerre mondiale apparaît le short américain, court, parfois à revers, plutôt réservé aux vacances et aux activités sportives. Les filles commencent aussi à le porter, c'est le début de la mode unisexe, accentuée par l'arrivée du jean vers 1950. A la lumière de cet article, on peut mesurer combien son style libre et novateur a pu plaire à la jeunesse ! Le pantalon des enfants n'échappe pas non plus à la mode des années 1970 : les enfants aussi portent le pattes d'éph'.

▲à g. : 1953 Culotte courte en coton, chemise en polyester brodée d'un canard, 1953
Wisconsin Historical Society, Madison
à dr. : Le Petit Parisien, photographie Willy Ronis, 1952

▲à g. : Garçon vêtu d'un jean portant sa petite soeur, vers 1950, Pool Vintage Kids sur Flickr
à dr. : Pantalon de garçon style blue jeans, 1969, Wisconsin Historical Society, Madison

▲à g. : Garçons en pantalon large style "pattes d'éph", 1978, Pool Vintage Kids sur Flickr
à dr. : Pantalon large style pattes d'éph, marque Falmers, vers 1971, Victoria & Albert Museum, Londres

16 septembre 2009

Bébé rose - Bébé bleu



▲Portraits de Jaidden et Alexandra, par Anne Geddes, 2004

La tradition d'habiller de bleu ou de rose les nouveaux-nés garçons ou filles, pour les différencier, est aujourd'hui encore si résistante dans nos usages, qu'on s'imagine qu'elle remonte loin dans notre histoire. Pourtant, cette pratique attestée par les historiens à la fin du XIXe siècle, dans les familles plutôt bourgeoises, n'est devenue quasi systématique que dans les années 1930. Les raisons de cette coutume – localisée en Europe occidentale, et les pays qui relèvent de cette culture, comme les Etats-Unis – restent très incertaines, on peut juste émettre quelques hypothèses...

À l'origine, le blanc de la layette des bébés

Madame Privat de Molières et ses filles, par Antoine Raspail, vers 1775-1780, Museon Arlaton, Arles

Pendant des siècles, les vêtements composant la layette des bébés ont été les seuls spécifiques à l'enfance : chemises, brassières et bonnets à porter superposés, fichus de cou, bavoirs et bien sûr un nombre important de langes – survivance d'une prononciation ancienne de « linge » – épinglés sur l'enfant. A partir du XVIIIe siècle, tous sont majoritairement blancs, avec l'arrivée du coton. S'il est une couleur dont la symbolique de pureté et d'innocence fait l'unanimité dans toutes les cultures, c'est bien le blanc. Il représente aussi l'hygiène, le linge est en effet bouilli, ce qui le décolore. Le bébé est ensuite enveloppé dans des châles, des couvre-langes ou des robes jupons longues, dont la matière, la couleur et l'ornementation varient selon son appartenance sociale.

Bleu-rose, une tradition chrétienne ?

Retour de baptême, par Hubert Salentin, 1859, Victoria & Albert Museum, Londres

Le jour de leur baptême, on présente les nourrissons à l'église, la tête recouverte d'un bonnet, enveloppés du châle de leur mère ou d'une couverture de couleur blanche. Dans certaines coutumes du folklore français, on y appose un petit ruban pour différencier son sexe, mais le ruban rouge ou rose s'adresse plutôt aux garçons, le blanc ou bleu aux filles. L'iconographie des nourrissons et jeunes enfants du XVIIIe siècle les montre en effet souvent vêtus de blanc, avec des touches de rose et de bleu, souvent des rubans, mais il est difficile de dire qu'on attribue une couleur à un sexe plutôt qu'à l'autre. Aujourd'hui, dans certaines régions de Belgique, les garçons sont en rose, les filles en bleu !

Le duc de Chartres et sa famille (détail), par Charles Lepeintre, 1776, Banque de France, Hôtel de Toulouse.
A noter : les deux enfants représentés, Louis-Philippe, futur roi des Français qui porte une ceinture rose,
et Louis-Antoine, duc de Montpensier, habillé de bleu, sont des garçons.

On invoque souvent des motifs religieux pour expliquer cette tradition, volontiers pratiquée dans les familles chrétiennes. Dans la religion catholique, le bleu exprime le renoncement et le détachement des valeurs du monde terrestre : l'âme libérée monte vers Dieu, c'est-à-dire vers l'or qui, lui, descend à la rencontre du blanc virginal de cette âme, tout au long de son ascension vers le bleu du Ciel. Depuis le XIIe siècle, cela fait du bleu la couleur iconographique de la Vierge Marie. L'autre couleur de la Vierge est le blanc, sa couleur liturgique depuis l'adoption en 1854 du dogme de l'Immaculée Conception, qui symbolise la pureté et la virginité.

La Vierge de douleur au pied de la croix, par Philippe de Champaigne,
vers 1655, Musée du Louvre sur Agence photo de la Réunion des musées nationaux RMN

Il existe dans certaines familles catholiques, la pratique des enfants bleus, placés dès leur naissance sous la protection de la Vierge Marie. Jusqu'à l'âge de sept-huit ans environ, ces enfants ne sont habillés que de nuances de bleu, du bleu ciel au bleu marine, et de blanc. On achète leurs vêtements dans des magasins spécialisés, à l'enseigne Aux Enfants bleus ou À l'Enfant voué. Cet usage, qui a aujourd'hui disparu, mais dont on peut encore sentir l'esprit dans certaines façons de porter le bleu-marine dans le renoncement, est fréquent au XIXe siècle et pendant une bonne partie du XXe.

Ces enfants que l'on voue au bleu et au blanc ne sont pas pas encore complètement matérialisés, donc asexués. Pas encore tout à fait de ce monde, ils peuvent répondre plus aisément à l'appel de la Vierge. Cette pratique, qui peut sembler un peu funèbre aujourd'hui, se justifie par le taux important de la mortalité en bas âge. On habille les enfants de bleu et de blanc pour les placer sous la protection de la Vierge. L'historienne Elizabeth Ewing (History of children's costume, Londres, B. T. Batsford, 1977) explique que les garçons apparaissant comme plus précieux dans la lignée familiale, seraient en priorité concernés par cette protection.

Mais alors qui parle ici du rose ? Toutes ces explications n'éclairent en rien ce partage des couleurs selon les sexes. D'autant que cette mode s'est très tôt répandue dans les pays protestants de l'Europe du Nord, qui pourtant prennent leurs distances avec le culte marial [Lire sur L'Histoire par l'image : Le culte de la Vierge Marie]. Cette hypothèse ne résiste donc guère à une analyse de bon sens.

Symbolique et antagonisme des couleurs

La seconde hypothèse se réfère au système symbolique et antagoniste des couleurs, hérité de la fin du Moyen Âge, un peu compliqué à expliquer, d'autant que la symbolique change d'un siècle à l'autre.

Pour résumer, le blanc s'oppose au noir, le vert au jaune, le bleu au rouge. Au Moyen Âge le bleu est plutôt féminin, à cause de la Vierge, le rouge plutôt masculin, car il symbolise le pouvoir et la guerre. À partir du XVIe siècle, cela s'inverse, mais uniquement quand les deux couleurs fonctionnent en couple : le bleu, plus discret, devient masculin, le rouge féminin, symbolise la vie. Cette symbolique sexuelle n'est-elle pas suggérée dans les tableaux du libertin François Boucher, qui choisit des tentures d'un bleu profond pour magnifier le rose de la chair de la femme? Jusqu'au XIXe siècle, la robe des mariées est souvent rouge.

▲Scène galante : Prenes an gre, plaque ovale en émail peint, lavis, rehauts d'or,
milieu du XVIe siècle, Musée du Louvre
sur Agence photo de la Réunion des musées nationaux RMN

L'Odalisque (détail), par François Boucher, 1745, Musée du Louvre
sur Agence photo de la Réunion des musées nationaux RMN

L'historien spécialiste des couleurs, Michel Pastoureau, pense que le couple enfantin bleu/rose ne serait qu'une simple déclinaison, plus douce, du couple bleu/rouge.

L'apparition des couleurs pastel

Dans les années 1860, sous le second Empire, la chimie révolutionne les procédés de teinture. Les teinturiers, dont on se méfiait, qui faisaient figure d'alchimistes impurs car ils maniaient des matières animales, se transforment en ouvriers modernes de la révolution industrielle. Les nouveaux colorants qui permettent d'obtenir le brun Bismarck, le rouge Solférino, le bleu impératrice, mais aussi des roses, des violets, des jaunes et des verts crus, modifient la perception des couleurs. Cela concerne aussi peu à peu le linge de corps, de toilette, les draps, et bien sûr la layette, qui s'égayent, par le biais de la rayure et des couleurs pastel [Lire sur Les Petites Mains : La marinière - Hygiène de la rayure]. Les couleurs pastel deviennent des nouvelles couleurs hygiéniques.

La promenade des enfants de la crèche municipale du premier arrondissement au jardin des Tuileries,
par Timoléon Lobrichon, fin XIXeme siècle, collection privée, Roy Miles Gallery

Afin de garder cette idée de pureté et d'innocence liée au nouveau-né, mais dans le contexte traditionnel du couple bleu/rouge vu précédemment, le bleu ciel pâle et le rose pâle sont adoptés par les familles bourgeoises. Les temps ont changé, ce sont elles désormais qui font la mode.

Le bébé des années 1920-1930


▲Affiche publicitaire Cadum, 1925, Les Arts Décoratifs, Musée de la Publicité

À partir des années 1920, l'image du bébé change, elle devient celle d'un bébé de six mois ou un an, joyeux et curieux de ce qui l'entoure, dont le Bébé Cadum aura été le précurseur. Le port de la robe pour les petits garçons tombe peu à peu en désuétude, et disparaît complètement en 1945 [Lire sur Les Petites Mains : Mode et Luxe : les enfants en robe et Les Enfants trouvés : les enfants en robe]. Le bébé se sexualise, le bébé garçon a cessé d'appartenir au monde de la femme. Avec l'aide du marketing naissant et de la presse spécialisée, on reprend l'archétype bourgeois de la fin du XIXe : bleu pour les garçons, rose pour les filles. Le blanc reste neutre, ainsi que le jaune pâle, qui fait son apparition dans les années 1930. Le succès est fulgurant.

▲à g. et à dr. : La Layette, supplément de Mon Tricot, numéros 5 et 46, Journ@ux-collection.com

Ainsi il est plus que probable que votre maman, grand-maman, ou arrière-grand-maman aient un jour tricoté en laine rose ou bleue, burnous, brassières, paletots pour les bébés de la famille – ou des petits chaussons comme ceux-ci, que ma maman virtuose tricote, quasiment les yeux fermés, en un peu plus de deux heures.

2 septembre 2009

Mode adulte - Mode enfant (3) : la robe à smocks



La robe de réforme

Entre 1870 et 1910, principalement vers 1880-1890, on assiste dans certains pays d'Europe du nord à des attaques virulentes contre la mode française alors largement prédominante dans le monde. Hygiénistes, moralistes, féministes, artistes, nationalistes, aux motivations variées, se rejoignent dans ce mouvement d'opposition dit de réforme du vêtement. On reproche à la mode parisienne du corset serré et du style tapissier d'être frivole, chère, contraignante ; l'artiste belge Henry van de Velde, très actif en Allemagne, la juge "immorale, cupide et superficielle", elle est "la grande ennemie à l'origine du déclin de tous les arts décoratifs", ou encore la "dégénérescence du grand art". A la veille de la Première Guerre mondiale, la réforme du costume est devenue dans certains pays comme l'Allemagne une question politique et sociale.

▲ à g. : Les enfants des familles Burne-Jones et Morris, en Angleterre,
photographie Frederick Hollyer, 1874, National Portrait Gallery, Londres
à dr. : Henry Van de Velde et sa famille devant leur maison Hohe Pappeln,
en Allemagne, 1912, site Henry van de Velde
Les enfants n'appréciant guère l'originalité, pas facile d'être un enfant d'artiste
adepte du mouvement de réforme du vêtement entre 1870 et 1910,
quand les autres enfants s'habillent en confection ou chez un tailleur !

The Height of aesthetic exclusiveness, par George du Maurier,
pour Punch, novembre 1879, Victoria & Albert Museum, Londres

Paris ignore superbement ces attaques, et va même imposer la fameuse "ligne en S" de l'Art nouveau, particulièrement inconfortable pour les femmes, puisque ce nouveau corset projette la poitrine en avant tout en l'aplatissant, comprime et rentre le ventre, et accentue la cambrure des reins et des fesses. Il faudra attendre Paul Poiret, à partir de 1908, pour "libérer" le corps de la femme, et encore sentira-t-il le besoin se référer à la mode Directoire du début du siècle.

Pourtant, la mode française n'est pas fermée à ce qui se fait ailleurs. Pour preuve, deux vêtements nouveaux apparaissent à cette époque, directement inspirés des idées réformatrices : la robe de grossesse, qu'on appelle alors pudiquement "robe de jeune maman" (c'est la première fois que cet état est évoqué explicitement par les journaux de mode), et la robe à smocks des fillettes. C'est bien sûr la genèse et l'histoire de ce grand succès de la mode enfantine que je vais vous raconter aujourd'hui.

De la robe de réforme à la robe à smocks des enfants

Dans ce contexte réformateur du costume figure en bonne place le mouvement Arts & Crafts, issu du courant préraphaélite londonien, à l'initiative de William Morris et John Ruskin, qui essaie de promouvoir une esthétique moderne à la portée de tous, inspirée à la fois du retour à la nature, des vêtements traditionnels de la campagne, et de l'art préraphaélite. Ses membres créent pour le théâtre des costumes d'inspiration médiévale ou renaissante, peu à peu adaptés et portés à la ville par les actrices et autres femmes artistes, pour devenir ce qu'on appelle le vêtement artistique, ou encore esthétique. Les femmes et jeunes filles des familles des peintres Burnes-Jones, Millais et Morris portent ces robes droites fluides, sans corset, et dénouent parfois leurs cheveux. Ces modèles sont vendus dans le magasin de Arthur Lisenby Liberty, Liberty & Co Ltd ouvert en 1875 sur Regent Street à Londres ; on y propose aussi des tissus aux motifs végétaux et floraux stylisés, qui évolueront après la Première Guerre mondiale en ces semis, formant le fameux "style Liberty" dont la renommée traversera le siècle.

▲ à g. : Les familles de Edward Coley Burne-Jones et William Morris,
photographie Frederick Hollyer, 1874, National Portrait Gallery, Londres
à dr. : Publicité pour les tissus Liberty & Co et robe de réforme pour jeune fille, 1888, Wikipedia

▲ à g. : Robe à empiècement smocké et dentelle mécanique en pongé de soie bleu pour femme,
Liberty & Co Ltd, vers 1895, Victoria & Albert Museum , Londres
à dr. : Portrait de Margaret Burne-Jones, par Edward Burne-Jones, 1885-1886,
collection privée sur Artrenewal

Ces robes s'inspirent des smocks ou smock frocks, vêtements traditionnels de toile gris-beige portés par les paysans anglais, y compris les garçonnets. La coupe en carrés et rectangles de ces blouses-chemises, qui permet à la fois de ne pas gaspiller le tissu et de se passer d'un patron papier, est rectifiée par des plis serrés sur le devant et le dos, parfois aux épaules, brodés de motifs géométriques et folkloriques.

▲ à g. : Smock de paysan anglais, détail de broderie, 1830-1869, Victoria & Albert Museum, Londres
à dr. : Plastron brodé d'un smock du Shropshire, 1850-1880, Manchester City Galleries, Manchester

▲ à g. : La bataille de boules de neige (détail), par John Morgan, 1865,
Victoria & Albert Museum, Londres (Les enfants portent le smock)
à dr. : Smock rural pour enfant, 1860-1869, Victoria & Albert Museum, Londres

On assiste d'ailleurs aussi en France, depuis le milieu du XIXe siècle, à un engouement pour les costumes régionaux, les blouses normandes ou bretonnes brodées aux épaules et aux poignets, comme en témoignent par exemple les dessins de François-Hippolyte Lalaisse publiés entre 1845 et 1864 ici. Des personnalités très en vue, telle la peintre animalière Rosa Bonheur, sont représentées portant des tuniques inspirées des blouses paysannes ici. Le jeune prince impérial lui-même a dans sa garde-robe une blouse froncée de taffetas rebrodé conservée au Musée Galliéra ici.

Cette nouvelle robe toute droite, de la même coupe que la robe américaine, mais à l'empiècement plissé ou smocké qui relie les manches, portée sans corset, parfois avec une ceinture légère, convient évidemment particulièrement bien à la mode enfantine. Mais on se doit aussi de citer l'influence de peintres dessinateurs pour enfants, comme Kate Greenaway, adepte du style Arts & Crafts, qui montre des petites filles en robes à taille haute style 1800, ou Walter Crane, ou encore les représentations, par les peintres à la mode, de fillettes en robes droites fluides. Mary Eliza Haweis, influente directrice de Liberty & Co, auteure d'articles et de livres dont The Art of Dress (1879), habille ses enfants dans ce style, ce qui ne leur plaît guère.

▲ à g. : Illustration extraite de The Birthday Book, par Kate Greeaway, 1880,
Editions George Routledge & Sons sur illuminated-books
à dr. : Illustration extraite de Little Red Riding Hood, par Walter Crane, 1875,
Editions George Routledge & Sons sur answers.com

▲ à g. : Carnation Lily, Lily, Rose, par John Singer Sargent, 1885-1886, Tate Britain, Londres
à dr. : Little Bo Peep, par John Esley, 1900, collection privée sur Artrenewal.org

▲à g. : Portrait d'une fillette inconnue, photographie Henry Joseph Spink, vers 1880,
National Portrait Gallery, Londres
au centre : Robe bleue à taille basse, à plastron froncé, dite robe américaine, vers 1898,
et robe de réforme à la manière du mouvement esthétique anglais, vers 1898,
photographie Karin Maucotel, Musée Galliéra
à dr. : Silvia Constance Myers et Eveleen Myers (détail), vers 1890,
photographie Eveleen Myers, National Portrait Gallery, Londres

▲ à g. : Silvia Constance Myers et Harold Hawthorn Myers, vers 1890,
photographie Eveleen Myers, National Portrait Gallery, Londres
à dr. : Robe à smocks en soie ivoire pour fillette, Angleterre, 1890-1910,
Victoria & Albert Museum, Londres

▲Robe à smocks pour fillette, Liberty & Co, vers 1890, The Metropolitan Museum of Art, New York

▲à g. : Planche de La Mode illustrée du 22 mars 1896, robes brodées pour bébés,
boutique Au Fil du temps sur e-bay
à dr. : La famille de l'artiste, Pierre et Jean Renoir enfants (détail), par Auguste Renoir, 1896

Sous l'influence anglaise, la robe à empiècement smocké est adoptée en France dans les années 1891-1892, d'abord pour les très jeunes enfants à partir de un an, puis peu à peu pour les fillettes et jeunes filles. A vrai dire elle peine à concurrencer les robes ajustées sous influence de la mode féminine, parfois avec un semblant de tournure, à taille très basse, corsage allongé et jupe courte. D'ailleurs, la robe à empiècement smocké est souvent agrémentée d'une ceinture, soit aux hanches avec effet blousant, soit serrée à la taille. Ce n'est qu'à la Belle Epoque (1896-1914) que la silhouette des fillettes devient plus souple – et Monsieur Valton de Petit Bateau va devoir inventer la petite culotte.

La robe à smocks du XXe siècle, "so chic"

▲ en ht à dr. : Robe de jeune fille en pongé crème, attribué à Liberty & Co,
en forme de blouse romantique, vers 1898
à g. : Robe de fillette en soie rose, Marie et Marie-Laure, vers 1938
au centre : Robe en jean Gina Diwan, 1997
photographie Karin Maucotel pour le catalogue de l'exposition La Mode et l'enfant 1780... 2000
Musée Galliéra, 2001

Les caractéristiques de la robe à smocks telle que nous la connaissons aujourd'hui se fixent entre la Première Guerre mondiale et les années 1930 : un empiècement froncé brodé, des manches ballons, une ceinture prise dans les coutures des côtés nouée dans le dos ; le col Claudine arrondi apparaît en 1900 suite à la parution du livre Claudine à l'école, qui connaît un succès phénoménal, pour lequel Colette déguisée en écolière pose pour une série de photos. La robe à smocks reste liée à ses origines anglaises, elle est portée de génération en génération par les enfants de la famille royale.

▲à g. : Robe à smocks pour fillette, détail de broderies, Liberty & Co, vers 1890
à dr. : Elizabeth, future reine, mère de Elizabeth II, par Rita Martin, 1907, National Portrait Gallery, Londres

▲à g. : Robe à smocks imprimée de semis pour fillette, Liberty & Co, vers 1930
Victoria & Albert Museum, Londres
à dr. : Elizabeth, future reine d'Angleterre, photographie Marcus Adams, 1929,
National Portrait Gallery, Londres

▲à g. : Robe à smocks en coton blanc, de Jane Prendiville, styliste américaine,
The Metropolitan Museum of Art, New York
au centre : Article du magazine Elle daté du 1er juin 1953
à dr. : Le prince Charles et la princesse Anne d'Angleterre, photographie Marcus Adams, 1952,
National Portrait Gallery, Londres

En plus d'être un symbole du chic traditionnel de la bonne société, cette robe a bien des atouts qui expliquent son succès. Dans le contexte de pénurie de l'après Seconde Guerre mondiale, où les mères ont du mal à trouver des tissus et articles de mercerie, le smock brodé est une solution astucieuse et créative pour agrémenter corsages, robes et barboteuses unis. Son style indémodable est idéal pour habiller les enfants de familles nombreuses du baby-boom, on se passe les vêtements entre fratries et cousins pendant des années.

▲à g. : Robe à smocks en coton, France, vers 1957, The Metropolitan Museum of Art, New York
au centre : Fillettes à un goûter d'anniversaire, 1951, photographie Pool vintage kids lovedaylemon sur Flickr
à dr. : Robe à smocks fleurie en coton, France, vers 1957, The Metropolitan Museum of Art, New York

De l'après guerre jusqu'au début des années 1970 - et même au-delà, quand de nouvelles marques comme Cacharel (fondée en 1962), Baby Dior (1967) Petit Faune (1970) ou Bonpoint (1975), puis Cyrillus (1977) et Jacadi (1978) dans la foulée, relancent cette mode - les magazines féminins et les magazines d'ouvrages de tricot et de couture proposent régulièrement de nouveaux modèles de smocks fleuris ou campagnards dans leurs articles et cahiers spéciaux. Dans le catalogue de l'exposition La Mode et l'enfant 1780... 2000, l'historienne Françoise Tétart-Vittu écrit : " Le modèle d'avant-guerre est toujours le même, on joue sur le choix du tissu ou sur la broderie. Si nous parcourons les pages de Elle, on voit que la robe du 4 décembre 1959 est identique à celle du 20 mai 1974 ".

▲à g. : Couverture de Mon Ouvrage, mai 1951, sur Journ@ux-collection
au centre : Robe à smocks en coton et soie des stylistes italiennes Emilia & Elvira Frezzini, vers 1955,
The Metropolitan Museum of Art, New York
à dr. : Couverture du cahier supplément du Jardin des Modes n°47, 1953 sur Journ@ux-collection

▲à g. : Couverture de France Magazine n°258, octobre 1952
au centre : Couverture de Mon Ouvrage n° 118, mai 1958
à dr. : Couverture de Point de vue Images du monde n° 1267, novembre 1972,
sources : Journ@ux-collection et Noblesse et royautés

▲La robe à smocks intemporelle par Jacadi pour l'été 2010

Aujourd'hui, la robe à smocks, trop connotée sinon même démodée, n'a plus guère les faveurs des pages mode des publications pour enfants, mais il suffit de feuilleter les magazines people pour se rendre compte qu'elle habille encore les petites princesses et enfants de stars. Elle reste très appréciée pour les robes de cortège des mariages ou baptêmes.

▲à g. : Suri Cruise en robe à smocks rose, 2008
au centre : La princesse Louise de Belgique en robe à smocks blanche, 2009
à dr. : La princesse Isabella du Danemark, en robe à smocks fleurie, 2009
sur purepeople.com

Sur le marché actuel de la mode enfantine, le smock est la spécialité des brodeuses de l'île de Madagascar, où ce type de broderie a été introduit par les missionnaires anglais au XIXe siècle, et est toujours réalisé de façon artisanale. Les superbes échantillons présentés ci-dessous datent de 1996 et sont tous de l'atelier Bodovoahangy